T O P I C R E V I E W |
Capitaine |
Posted - 15/05/2016 : 15:03:27 439.27 KB
J'aimerais avoir l'avis de Thierry sur cette bête vendue comme Notophysis noellae Bouyer, 2016, car je ne vois pas la différence avec forcipata. Les deux espèces sont données de Zambie et je n'ai pas la description de noellae, est-ce une synonymie ? |
8 L A T E S T R E P L I E S (Newest First) |
Norbert |
Posted - 06/11/2016 : 10:32:12 D'abord mecri Thierry. Claude, Pour avoir decouvert Sefula, c'est une petite forêt limitrophe a Mongu. A mon arrivée en Zambie, j'ai prospecté Mongu car un Notophysis de la collection du MNHN provenait de la même localité. Malheureusement après seulement trois ans, une piste a rendu accessible la foret de Sefula à tout le monde et elle etait deja bien degradee par les residents venant faire du charbon de bois.... dommage. Pourtant un spot ou j'ai trouve Jamwonus, Mantichora..... |
Capitaine |
Posted - 21/07/2016 : 14:50:57 En complément des excellentes informations de Thierry sur les limites biogéographiques de ces espèces, voici 2 ex. d'une série de N. noellae récoltés sur les sites de Sefula et Namushakendé (ouest de la Zambie). Sachant que j'ai en collection des ex. de N. forcipata provenant de Kafué (Zambie centre-ouest), il semblerait que la limite entre ces deux espèces se situe prés d'une ligne allant de Kaoma vers Victoria falls.
502.98 KB En complément d'information, ce specimen de Noellae / 47mm de Mongu district (Zambie ouest)
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africaone |
Posted - 18/05/2016 : 16:37:11 quote: Originally posted by Capitaine
Merci Thierry pour toutes ces informations morphologiques et biogéographiques. Effectivement, en regardant avec plus d'attention en trouve des différences au niveau mandibules mais également au niveau elytral avec une rugosité plus prononcée et un apex plus oblong chez noellae. Cela reste toutefois des espèces très proches, et dans les zônes de cohabitation, il pourrait y avoir un échange génétique qui devrait se vérifier sur des séries longues en sélectionnant les individus à caractères intermédiaires et par comparaison du barcode.
oui, ce sont des espèces proches car elles sont sœurs. Je serais amateur d'observer plus de matériel pour mieux les délimiter. |
Capitaine |
Posted - 18/05/2016 : 10:49:27 Merci Thierry pour toutes ces informations morphologiques et biogéographiques. Effectivement, en regardant avec plus d'attention en trouve des différences au niveau mandibules mais également au niveau elytral avec une rugosité plus prononcée et un apex plus oblong chez noellae. Cela reste toutefois des espèces très proches, et dans les zônes de cohabitation, il pourrait y avoir un échange génétique qui devrait se vérifier sur des séries longues en sélectionnant les individus à caractères intermédiaires et par comparaison du barcode. |
Francesco |
Posted - 16/05/2016 : 15:59:36 Cher Thierry, je te remercie énormément pour cette magistrale leçon de biogéographie africaine avec laquelle tu as enrichi notre site et tout le monde qui lira ca. C'est vraiment rare de trouver une telle quantité de nouvelles et je suis ravi de nous avoir partagé tes connaissances. |
africaone |
Posted - 16/05/2016 : 14:59:22 Je n'ai pas regardé de près en ce qui concerne noellae en Namibie n'en ayant pas sous la main et il faudrait demander à Karl d'où viennent ceux qu'il a figurés, et sur photo imprécise je refuse de me prononcer de manière catégorique) mais de manière générale (générale car il faudrait un livre pour être plus précis)
- le bassin du Zambèze est séparé de celui du Congo par la crête du Copperbelt qui fait la frontière à la fois naturelle par la ligne de partage des eaux, et politique entre la Zambie et le Congo.
Pour l'Angola c'est beaucoup plus compliqué car il recouvre au moins 4-5 grandes zones biogéographiques - un zone de partage avec l'ouest de la Zambie (et qui appartient au bassin du Zambèze), y inclus la partie Zimbabwe voisine et le nord est Namibien (Rundu, Caprivi, etc.) - une zone (le nord-est) commune avec le sud du Congo qui recouvre en fait le bassin du Kasai (ce qu'on retrouve classiquement avec le Kwango, la Lulua, le pays Lunda, Kapanga, etc. dont font partie la plupart des bêtes de Harold ou certaines de Quendenfeldt, beaucoup de matériel d'Overlaet en provient) - une zone (le nord-ouest) qui a de fortes accointances avec la zone littorale Gabon-RP Congo, Ouest RD Congo (= Bas-Congo) - une zone d'endémisme centrée sur le grand Plateau Central (d'où on va découvrir ces prochaines années une multitude de nouveautés endémiques en plus de celles qu'on connaît déjà). cette zones été dévastée par la guerre civile et la déforestation, espérons qu'il reste encore quelques forêts.
L'ouest sec de l'Angola (côtier, steppe savane de basse altitude) partage des points communs avec la Namibie tout en ayant apparemment un très légère différence (par exemple le barcode des Anthracocentrus est différent entre ces deux régions et c'est le cas d'autres insectes notamment un saturnidé endémique de Namibie dont j'ai décrit uns ssp d'Angola). J'ai notamment capturé au Cuanza Sul (region de Sumbe) des cicindèles endémiques de Namibie et ce genre de choses se retrouvent dans d'autres familles d'insectes.
Le fond géologique ancestral que l'on retrouve en Namibie remonte jusqu'au sud du Congo et permettrait d'expliquer la présence d'espèce qui remonte du nord-est Namibie jusqu'au Katanga ou au Kasai (Lycène, Cincindèle, etc.).
Le Katanga lui même est un nœud fondamental pour la biogéographie africaine car selon où on s'y trouve on peut très appartenir à la faune équatoriale forestière, à la zone orophile orientale ou crête Congo-Nil, à la faune zambézienne, à l'Afrique orientale ou la faune angolaise ou tout simplement au Katanga lui-même étant une zone d'endémisme fort).
Dans les Saturniidae (groupe où j'ai énormément travaillé et publié), c'est extrêmement flagrant. L'Angola est probablement en Afrique l'endroit où la marge de progression en connaissances à acquérir est la plus importante.
Tout n'est évidemment pas aussi tranché et facile mais c'est comme toutes les zones biogéographiques, il y a quand même des choses communes (heureusement).
Je regrette souvent en lisant des publis africaines, que beaucoup d'auteurs publient sans se préoccuper des aspects biogéographiques, qui est un outil très intéressant, ce qui amènent à des aberrations systématiques parfois criantes. On voit parfois des bêtes de Lubumbashi mélangées à celles de Kapanga sous prétexte que c'est du Katanga alors qu'il est fréquent, s'il ne s'agit pas d'espèce à large répartition, que ce soit des espèces bien distinctes. |
Francesco |
Posted - 16/05/2016 : 12:03:06 quote: Originally posted by africaone
Biogéographiquement elles appartiennent à deux grandes zones différentes (Zambèze et Congo).
A propos des zones biogéographiques, je ne comprends pas où passe la ligne de démarcation entre ces deux espèces.
Selon les données des auteurs (Adlabuer, Katalog Namibias) forcipata est présent en Congo, Zaïre, Angola, Namibie, (Zambie) et Afrique du Sud. L'espèce a été décrite de l'Angola.
L'exemplaire montré par Adlbauer ne semble différer de ceux de Zambie, pourtant il vient de la Namibie.
Est-ce que les deux espèces sont présentes en Zambie, ou seulement noellae est présent? Où se trouve la ligne de démarcation entre Angola et Zambie et entre Namibie et Zambie? Y-a-il? A quelle espèce appartiennent les populations de la Namibie et de l'Afrique du Sud ?
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africaone |
Posted - 16/05/2016 : 11:19:45 106.78 KB
La différence se voit très bien sur les mâles normaux et majeurs. Elle se situe (surtout) au niveau de la structure des mandibules trapus et "ouverts" (90° +) et en général plus courts chez noellae, fins, allongés et fermés (90° -) chez forcipata. Il y a une petite différence structurelle supplémentaire dans l'extrémité des mandibules aussi. Biogéographiquement elles appartiennent à deux grandes zones différentes (Zambèze et Congo). Si vous avez une petite série du forcipata et de noellae c'est assez évident. Je donne un photo (rapide) de deux males de +/- la même taille pour comparaison où les Md sont mis parallèles au plan photo (à gauche noellae, à droite forcipata du Congo)
ca faisait quelques années que le problème trainait (je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué). |
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